Tribune | Menace imminente sur la démocratie brésilienne
Nous, élus et dirigeants du monde entier, tirons la sonnette d’alarme : le 7 septembre, une insurrection viendra mettre en danger la démocratie au Brésil.
En ce moment même, le président Jair Bolsonaro et ses alliés – parmi lesquels des groupes suprémacistes blancs, la police militaire [équivalent de la gendarmerie, ndlr] et des représentants publics à tous les échelons du gouvernement – préparent, pour le 7 septembre, une marche nationale contre la Cour suprême et le Congrès, alimentant les craintes d’un coup d’Etat dans la troisième démocratie la plus peuplée au monde.
Ces dernières semaines, le président Bolsonaro a intensifié ses attaques contre les institutions démocratiques du Brésil. Le 10 août, il a organisé une parade militaire sans précédent dans la capitale, Brasília, alors que ses alliés au Congrès poussaient des réformes radicales du système électoral du pays, largement considéré comme l’un des plus fiables au monde.
Bolsonaro et son gouvernement ont menacé à plusieurs reprises d’annuler l’élection présidentielle de 2022 si le Congrès n’approuvait pas ces réformes. A présent, Bolsonaro appelle ses partisans à se rendre à Brasília le 7 septembre, dans un acte d’intimidation des institutions démocratiques du pays.
Selon un message partagé par le président le 21 août [sur la messagerie instantanée WhatsApp, ndlr], cette marche constituerait la préparation d’un «contrecoup nécessaire» contre le Congrès et la Cour suprême. Ce même message affirme que la «Constitution communiste» du Brésil aurait dépouillé Bolsonaro de ses pouvoirs, accusant également «le pouvoir judiciaire, la gauche et tout un système d’intérêts occultes» de conspirer contre lui.
Des membres du Congrès brésilien ont averti que la mobilisation du 7 septembre était calquée sur l’insurrection du 6 janvier dans la capitale des Etats-Unis, quand l’ex-président Donald Trump, invoquant de fausses allégations de fraude électorale durant le scrutin présidentiel de 2020, avait encouragé ses partisans à «mettre fin au vol».
Nous sommes profondément inquiets de la menace imminente qui pèse sur les institutions démocratiques du Brésil et restons vigilants pour défendre celles-ci, avant et après le 7 septembre. Le peuple brésilien a lutté pendant des décennies pour que la démocratie triomphe du régime militaire. Bolsonaro ne doit pas être autorisé à la leur voler.
Parmi les premiers signataires : À l’appel de Progressive international, Leïla Chaibi, députée européenne la France insoumise, José Luis Rodríguez Zapatero, ancien Premier ministre d’Espagne ; Fernando Lugo, ancien président du Paraguay ; Adolfo Pérez Esquivel, artiste, Prix Nobel de la paix (Argentine) ; Noam Chomsky, professeur (Etats-Unis) ; Yánis Varoufákis, député (Grèce) ; Ernesto Samper, ancien président de la Colombie ; Jeremy Corbyn, parlementaire (Grande-Bretagne) ; Cori Bush, chambre des représentants (Etats-Unis) ; Jean-Luc Mélenchon, député ; Manon Aubry, eurodéputée ; Celso Amorim, ancien ministre des Affaires étrangères (Brésil).
Tribune publiée initialement en français sur Libération