Scandale Uber Files 2 à Bruxelles !
Alors que le Parlement européen s’apprête à auditionner Uber et le lanceur d’alerte Mark McGann suite au scandale des « Uber Files », un nouveau rapport expose comment les entreprises de plateformes continuent de mener un lobbying agressif à Bruxelles. En ligne de mire : le projet de directive européenne sur les droits des travailleurs des plateformes.
Basé en partie sur des documents inédits de la Commission, le rapport publié aujourd’hui par l’Observatoire des multinationales avec le soutien du groupe de La Gauche au Parlement européen analyse les stratégies de lobbying d’Uber et d’autres plateformes contre un projet de loi européenne pour améliorer les conditions de travail dans le secteur.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Wolt est passé d’un seul lobbyiste à Bruxelles en 2020 à 8 aujourd’hui, et Uber de 50 000 euros de dépenses annuelles de lobbying en 2014 à 700 000 euros aujourd’hui. Avec leurs alliés (instituts de recherche, cabinets de communication, associations patronales), les plateformes ont tenté de convaincre la Commission que les chauffeurs Ubers, les coursiers Deliveroo ou les chargeuses de trottinettes Bolt ne souhaitaient pas de contrats de travail malgré les bas salaires, les conditions difficiles et le manque de droits sociaux. Des arguments développés au cours de plus d’une centaine de rendez-vous avec la Commission.
Lora Verheecke, chercheuse à l’Observatoire des multinationales, précise : « Les stratégies de lobbying des plateformes sont fines et abouties mais pour le moment, la Commission européenne, à l’inverse du gouvernement français, ne leur a pas donné raison. Elle a même questionné l’indépendance des études que les plateformes ont déposé sur leur bureau. »
Pour Leïla Chaibi, députée européenne, « Le présent rapport est le récit implacable de la façon dont Uber et les lobbies des plateformes numériques tissent leur toile au sein des institutions européennes. Il démontre leur influence dans la construction de la loi et la manière dont ils entravent le travail parlementaire et la prise de décision politique. Ce rapport est donc avant tout un outil de combat. Car Uber, Deliveroo et les lobbies des plateformes sont comme les vampires : la lumière les fait fuir. Alors pour l’intérêt général, nous mettons les pleins phares sur les coursiers du lobbying ! »
La bataille politique se joue aujourd’hui au niveau du Conseil de l’UE (où siègent les États Membres) et des députés européens. Ces derniers questionneront demain mardi 25 octobre au Parlement européen une représentante d’Uber et le lanceur d’alerte Mark McGann sur les UberFiles.