29 Marché carbone du transport : irresponsabilité climatique et injustice sociale
L’extension du marché carbone au transport aura une conséquence directe : ça deviendra plus cher de faire son plein⛽️, pénalisant ainsi ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser la voiture.
La Commission européenne persiste et signe : à l’irresponsabilité climatique, elle ajoute l’injustice sociale.
La Commission a présenté hier son « paquet climat », appelé « Fit for 55 ». 12 propositions censées mettre en œuvre les objectifs de la loi climat européenne et son objectif (insuffisant je le rappelle) de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% pour 2030.
Parmi la douzaine de dossiers présentés, il y en a un qui fait couler beaucoup d’encre : c’est l’inclusion du transport routier au marché carbone.
Concrètement, les fournisseurs de carburants, comme Total ou Esso achèteront des quotas pour pouvoir vendre leur carburant.
Comme cela se fait systématiquement, ils répercuteront ensuite cette augmentation des coûts. Autrement dit, ça deviendra plus cher de faire son plein.
Il y a presque trois ans maintenant, le mouvement des Gilets Jaunes naissait précisément à cause d’une augmentation du prix de l’essence.
C’était un mouvement contre les inégalités, contre le fait de faire payer aux plus défavorisés les conséquences de la crise.
Visiblement, la Commission n’a pas retenu la leçon et veut continuer dans la même impasse : prendre à ceux qui en ont le moins sans remettre en cause le pouvoir des puissants. De plus, la Commission ne prévoit aucunes alternatives : ni augmentation de l’offre de transport en commun, ni facilitation d’achat d’un véhicule électrique.
Ce nouveau marché ne permettra aucune réduction significative des émissions de gaz à effet de serre et pénalisera gravement les ménages, notamment les plus précaires avec l’augmentation des coûts du carburant. Les citoyens payent, les pollueurs empochent.
Alors que l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 est déjà largement en dessous des préconisations de la communauté scientifique, il faut sortir de ces logiques de marché, et planifier la bifurcation écologique et sociale : protection des biens communs (forêts, océans, eau…), règle verte, éradication de la pauvreté énergétique, politique agricole et alimentaire fondée sur l’agriculture paysanne, locale, biologique, respectueuse du bien-être animal, fin du grand déménagement du monde… Les solutions existent, c’est bien la volonté politique qui n’est pas au rendez-vous. Face à la triple urgence climatique, environnementale et sociale, la Commission choisit le camp du marché aux dépens de l’intérêt général humain.
Intervention de Leïla Chaibi en commission transports et tourisme du Parlement européen le 13/07/2021.